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par Simone Ott*
Les véganes? Ne s’agit-il pas de ces êtres chétifs à l’air terne, qui se nourrissent de graines et de carottes crues? Si d’aucuns perçoivent encore les adeptes du véganisme comme une communauté un peu sectaire, cette image pourrait bientôt changer. En effet, le renoncement sans concession à tout produit d’origine animale pour se nourrir, ou même se vêtir, est passé d’un phénomène marginal à une tendance en plein essor. L’Allemagne recense ainsi quelque 700'000 véganes, et la Suisse, environ 25'000. Un chiffre appelé à croître selon Alexandra Ottinger, cofondatrice de la Société Végane Suisse créée en 2011. Le soutien d’ambassadeurs glamour comme Brad Pitt ou l’actrice américaine Jessica Chastain a permis au véganisme de redorer son blason, et aux véganes de s’afficher comme les végétariens de la nouvelle garde.
Une nouvelle conscience
Des thèmes comme l’élevage intensif, les gaz à effet de serre émis par le bétail ou l’intégration du développement durable dans la production de denrées alimentaires ont donné lieu ces dernières années à moult débats publics. En faisant la lumière sur l’élevage industriel, les reportages et ouvrages, tels que «Faut-il manger les animaux?» de Jonathan Safran Foer, ont favorisé l’émergence d’une nouvelle conscience. Un nombre croissant de gens ne veulent plus consommer des aliments dont la production nuit aux animaux, à l’environnement et au climat ou s’avèrent nocifs pour la santé. Le véganisme ne se limite donc pas à un régime alimentaire, mais implique un mode de vie dicté par des choix moraux. Les véganes considèrent que les animaux ont les mêmes droits que les humains. Il est donc exclu d’en faire l’élevage et de les détenir dans des conditions indignes en vue de les exploiter, ou pire encore, de les tuer. Pour la plupart des véganes, le chemin vers une alimentation sans aucun produit animal s’est fait par étapes. «J’ai commencé par acheter des produits fabriqués dans le respect des espèces et des animaux. Mais plus je me suis informé sur la détention des animaux de rente, plus j’étais convaincu qu’il me fallait complètement renoncer aux produits d’origine animale», témoigne le Lucernois Michael Spielmann, devenu végane après des années de végétarisme.
L’experte marketing Sandra Weber est devenue végane il y a un an. Végétarienne depuis son enfance, elle avait très tôt rejoint l’Association suisse pour le végétarisme et avait alors découvert que l’élevage industriel recouvrait une réalité bien pire encore que ce qu’elle avait imaginé. Elle a ainsi banni les produits laitiers de son alimentation lorsqu’elle a réalisé que les vaches enchaînaient sans répit les périodes de gestation dans le seul but de produire toujours plus de lait. Les vaches souffrent aussi du fait qu’on leur retire leurs veaux dès qu’elles ont mis bas. Sandra Weber juge cette pratique tout à fait amorale. Et inutile. «Nous n’avons pas besoin de consommer des produits animaux pour nous nourrir, il y a assez d’alternatives.» Par son attitude conséquente, elle entend afficher son engagement en faveur «d’un monde sans violence, dans lequel tous les êtres vivants sont traités avec respect.» Privilégier les produits bio ou provenant d’animaux élevés de façon «éthique» ne lui semble plus suffisant, il faut aller plus loin.
Autres sources de protéines
Sur le plan physiologique, les produits laitiers comportent aussi bien des avantages que des inconvénients. «S’ils constituent une bonne source de protéines et de calcium, nombre de personnes digèrent mal le lactose, surtout dans les pays du Sud», indique le nutritionniste. Il n’en va pas de même de la viande: «On sait aujourd’hui qu’au delà de 40 g par jour, la consommation de viande peut être néfaste pour la santé», poursuit-il en se référant à une étude publiée en 2012 par une éminente revue scientifique. Il en ressort que la consommation de viande rouge (bœuf, veau et porc) augmente les risques de maladies cardio-vasculaires, de cancers et de diabète. A contrario, privilégier d’autres sources de protéines, telles que le poisson, le poulet, les fruits à coque ou les légumineuses, réduit ces risques. Ces aliments contiennent en effet plus de substances potentiellement bénéfiques à la santé et moins de substances nuisibles à celle-ci que la viande rouge.
La viande, le beurre et la crème sont si présents dans la cuisine traditionnelle que nous imaginons difficilement pouvoir nous en passer. Et de là à penser qu’une cuisine purement végétalienne ne peut être que fade et se réduit à quelques légumes bouillis ou plats de pâtes, le pas est vite fait. L’adoption d’un régime purement végétalien constitue sans nul doute un réel défi, qui implique un changement radical de nos habitudes, tant à l’achat des aliments que lors de la préparation des repas. Toutefois, ceux qui se lancent dans cette aventure ne manqueront pas d’être surpris en constatant à quel point la cuisine végane peut être variée, haute en couleur et... savoureuse!
*Cet article est issu de l’édition de mars de Vivai, le magazine du bien-être et du développement durable de Migros.
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Photos: Christine Benz
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